J’ai annoncé mon départ des réseaux sociaux ; une décision mûrement réfléchie.
Tellement réfléchie que la pomme est tombée toute seule de l’arbre, emportée par la gravité.
J’avais prévu annoncer un départ de 30 jours pour mes 30 ans, en avril. Avec un concept drôle du genre « 30 jours dans mon bain ». Je voyais mon départ comme une pause, une expérimentation, quelque chose de temporaire.
Mais j’ai finalement réalisé que c’est pas assez, 30 jours.
J’ai besoin de plus — de moins, en fait.
J’ai décidé de quitter les réseaux sociaux pour une durée indéterminée.
Pour être parfaitement transparente, je ne supprime pas mes comptes (je continue la publicité). Je supprime simplement les applications de mon téléphone, et je n’y vais plus.
J’ai mis en place un système simple pour indiquer à ma communauté si je suis là ou pas :
- Quand ma photo de profil est en noir et blanc, je suis absente du réseau. Je ne réponds pas à mes messages privés et si tu vois passer une publication, c’est qu’elle est sponsorisée ou automatisée. Je ne lirai pas les commentaires. Je suis ailleurs.
- Quand ma photo de profil est en couleur, je suis totalement présente sur le réseau. Je réponds à mes messages avec enthousiasme parce que j’ai fait le choix conscient, joyeux d’être là. Je lis et réponds aux commentaires. Je suis là.
Je ne sais pas combien de temps mon premier départ va durer, mais je peux te dire comment je me sens en écrivant ces lignes :
excitée — confiante — libre — soulagée — inspirée.
Il y a toutes sortes de raisons de quitter les réseaux sociaux.
Je ne quitte pas les réseaux sociaux parce que je ne les aime pas.
C’est important pour moi de le préciser.
Même si j’ai beaucoup d’empathie pour les personnes que les réseaux sociaux font sentir pas assez, ce n’est pas mon cas. Je n’ai pas cette maladie de la comparaison.
(Si y a une chose qui est solide chez moi, c’est ma confiance. Merci papa, merci maman!)
Je ne pars pas non plus parce que je trouve que les réseaux sociaux sont superficiels ou vides ou inutiles.
Je quitte pour 2 raisons principales.
1) Publier sur les réseaux sociaux, c’est travailler gratuitement pour Meta, Microsoft et compagnie.
Je suis écoeurée de me faire exploiter.
Quand on crée du contenu sur les RS, on a parfois l’impression de saisir une opportunité incroyable : celle d’obtenir de la visibilité gratuitement.
C’est un mirage.
Dans les faits, ce que veulent les compagnies mères, c’est garder les gens captifs de leur réseau le plus longtemps possible.
C’est logique, parce que plus les gens passent du temps sur leur réseau, plus ils sont exposés à des publicités, et plus Meta, Microsoft et compagnie s’enrichissent.
Quand on crée du contenu de qualité, on contribue à enrichir ces grosses compagnies. On attire des yeux sur leur plateforme. On aide à convaincre les gens de continuer de scroller. On participe à une économie de l’attention.
Pis quelque part, je suis chill avec ça. En tout cas, je l’étais quand l’algorithme me récompensait pour mes efforts.
Mais plus le temps passe, moins nos contenus sont vus.
C’est mathématique : comme de plus en plus de gens créent du contenu pour les différentes plateformes, la compétition pour l’attention des utilisateurs devient de plus en plus féroce.
Plus le temps passe, plus la quantité d’énergie que je mets à créer du contenu sur les réseaux sociaux me paraît absurde. Je mets du coeur à créer des contenus qui sont avalés par le léviathan au bout d’un jour ou deux. J’ai du mal à atteindre ne serait-ce que 5% de mes abonnés de façon constante.
C’est comme une course perpétuelle où je perds toujours un peu plus de terrain.
J’enrichis Meta. J’enrichis Microsoft. Et je m’épuise.
À côté de ça, j’ai mon infolettre. Avec des taux d’ouverture savoureux, des gens véritablement intéressés qui font le choix de me lire. Et j’ai la pub. Qui me permet de faire voyager un même contenu pendant des mois, voire des années.
Ah, et j’aimerais bien me mettre sérieusement au SEO, qui lui aussi amène des résultats sur le long terme.
Mais c’est même pas ça, la raison principale qui me pousse à quitter.
2) Le labeur émotionnel nécessaire pour être sur les réseaux me tue à petit feu.
On a créé un monstre. Un léviathan plus grand que nous qui nous avale.
Tranquillement, insidieusement, on s’est mis dans la tête que l’instantanéité est normale.
Avec les réseaux sociaux, on a créé un sentiment de proximité entre les créateurs et les utilisateurs.
Il y a quelque chose de beau là-dedans, c’est vrai. Mais il y a aussi quelque chose de pernicieux qui s’est installé au passage.
Les gens s’attendent à ce qu’on soit constamment, perpétuellement disponibles, disposés, prêts à accueillir leurs ressentis, leurs commentaires, leurs critiques ou leurs compliments.
Pis la vérité, c’est que moi, je trouve ça lourd.
T’as pas idée à quel point ça m’a fait sentir coupable longtemps. À quel point ça me fait encore sentir coupable, parfois. Mais ces temps-ci, quand quelqu’un m’écrit un mot gentil sur Instagram, je ne suis même pas contente. Je me sens envahie. Parce que je sais que cette personne s’attend à une réponse de ma part. Et je n’ai pas envie de répondre. Je n’ai pas l’énergie.
Ces dernières semaines, j’ai traversé une situation personnelle stressante et difficile.
C’est déjà du labeur émotionnel de passer par-dessus mes émotions pour réagir correctement (gentiment, positivement, avec patience) aux messages que les gens m’envoient quand ça va bien.
Mais quand ça va mal, ouf.
(Pour en savoir plus sur le labeur émotionnel, je te recommande fort cet essai/épisode de podcast de Tara McMullin, qui a initié ma réflexion sur le sujet il y a un peu plus d’un an.)
Y a des périodes — des fois ça dure une semaine, des fois des mois — où je m’imagine vivre comme Maria Chapdelaine. Où j’aimerais que les gens doivent marcher plusieurs kilomètres et cogner à ma porter pour me parler.
Je me sens pas toujours comme ça. Ça va et ça vient.
Le problème, c’est qu’en ce moment, les attentes des gens envers moi et ma réactivité demeurent les mêmes, peu importe mon état d’esprit.
Je suis écoeurée de participer à ça.
Écoeurée de faire semblant que ce n’est pas taxant de répondre à tous les commentaires sous nos publications. De prendre le temps de faire un coeur à toutes les réactions à nos stories. De répondre avec empathie et bienveillance aux gens qui me dompent leur trauma en message privé comme si de rien n’était.
Alors voilà. À partir de maintenant, quand j’ai le désir réel (et l’énergie!) de me rendre disponible émotionnellement pour ma communauté sur Instagram ou LinkedIn, ma photo de profil sera colorée.
Autrement, je serai ailleurs.
Beaucoup d’entrepreneurs ont peur de quitter les réseaux sociaux.
Dans les prochaines lignes, je vais te partager des screenshots de commentaires qui ont été faits sous ma publication Instagram de départ. Je me permets de le faire parce que ces commentaires sont visibles à tous.
D’abord, j’ai eu beaucoup de félicitations.
Y a aussi des gens qui m’ont avoué que mon choix avait ouvert de nouvelles perspectives ou une nouvelle possibilité dans leur esprit.
Je trouve ça génial.
Toutefois, une autre réaction que je vois beaucoup, ressemble à « j’aimerais ça, mais ce n’est pas possible pour moi en ce moment ».
Je suis particulièrement sensible à cette vision des choses, parce que c’était la mienne jusqu’à tout récemment. Ce qui m’empêchait de partir, c’était la croyance que sans les réseaux sociaux, ma business allait écoper.
Pourtant, quitter les réseaux sociaux (ou ajouter une switch on/off comme moi), c’est possible pour pas mal toutes les entreprises, indépendamment de leur modèle d’affaire.
Comment quitter les réseaux sociaux
Et si la décision de quitter les réseaux sociaux étaient moins terrifiante que tu penses?
Voici comment tu peux te donner la permission, toi aussi, de prendre cette décision pour toi, pour ta clientèle et pour ton entreprise.
1) Plusieurs entreprises ont pris la décision de quitter les réseaux sociaux avant toi.
Quand j’ai constaté que des entreprises bien connues avaient déjà désinvesti les réseaux sociaux, ça m’a aidé à relativiser.
Les réseaux sociaux d’Apple par sont moribonds à souhait.
Chez Lush, ils ont pris la décision de quitter les réseaux sociaux en 2019.
Leonie Dawson vend des formations en ligne et des infoproduits comme moi. Elle a été complètement absente des réseaux sociaux pendant plus de 2 ans. (Une décision pas mal plus radicale que la mienne.) Elle a quand même généré un chiffre d’affaires de plus de 2 millions de dollars américains.
Ma coach business en ce moment, Mélissa Miron, a aussi fait le choix de s’absenter des réseaux sociaux et de ralentir.
Pis y a une certaine Alexe Martel qui viendrait de faire le move, selon les rumeurs. 😇
Bref, tu ne serais pas la première personne sur Terre à faire ce choix. D’autres personnes, d’autres organisations l’ont fait avant toi et s’en sortent à merveille.
2) Personne ne te force à quitter complètement les réseaux sociaux.
De mon côté, j’ai décidé de garder mes comptes ouverts, principalement pour continuer à faire de la publicité — un canal d’acquisition important pour moi et que j’ai entièrement délégué à l’Agence Antilope.
Je vais programmer des messages automatiques partout et je supprime les applications de mon téléphone, mais je garde mes comptes. Je songe même à publier quand même, à l’occasion, des contenus à haute valeur ajoutée. Sans l’impératif d’interagir, ça me paraît déjà plus léger.
Avant de prendre la décision de partir pour une durée indéterminée, je pensais partir 30 jours, puis adopter un rythme régulier (2 mois on / 1 mois off ou quelque chose du genre). J’ai finalement changé d’avis, mais ça resterait un mode de fonctionnement intéressant.
Bref, c’est pas obligé d’être toute ou pas pantoute.
Identifie ce qui te fatigue véritablement des réseaux sociaux, et fais un plan en conséquence, tout simplement.
3) Ta décision de quitter les réseaux sociaux n’a pas à être finale.
T’as pas signé un pacte de sang.
Si tu te rends compte que ça te manque, reviens. Personne ne va te chicaner ou t’en vouloir pour avoir expérimenté quelque chose.
Je suis certaine que ton départ va quand même avoir transformé ta relation avec les réseaux sociaux.
J’en aurais encore long à te dire.
Je veux te parler de ma stratégie marketing sans réseaux sociaux.
Je veux t’expliquer quels genres de contenus je vais créer dans les prochaines semaines.
Mais ce texte est déjà un peu long.
Alors on se dit à bientôt?
J’adore!!
Te lire me fais toujours du bien, merci
J’aime beaucoup ta vision des choses. J’espère que plusieurs seront inspirées par ton audace et cette décision de faire les choses différemment.
J’avoue avoir eu des moments où je voulais faire une pause de mes médias sociaux (je l’ai fait, mais pas souvent)
Merci Alex de nous le rappeler!
Je te connais depuis peu….et je suis agréablement surprise, j’adore ton approche et la façon de livrer ton contenu. Je suis une nouvelle entrepreneure et peu d’expérience dans les réseaux sociaux ainsi que dans le marketing, alors je te lis et j’apprends. Merci Alexe
Je n’arrive pas à trouver les MOTS pour te dire MERCI d’être qui tu ES Alex Martel… Je te connais depuis l’avant et le début de ton aventure entrepreneuriale… et tu fais une différence dans l’esprit des entrepreneurs et du bien dans ta communauté… Bravo Alex et merci de confirmer ce que je pense entre mes deux oreilles ! J’ai commencé par en finir avec le plan de l’éditorial de contenus et aller sur les RS quand j’en ai envie et surtout quand j’ai quelque chose à dire et qui peut contribuer à faire avancer…
J’ai vraiment aimé lire ça, merci.
Mais il y a une question qui me taraude depuis un bail : comment faire de sa newsletter son medium number one, sans diffuser le formulaire d’inscription sur les réseaux sociaux ? 🤔🤔🤔
Merci beaucoup pour ça ! J’avais trouvé ton post génial sur le sujet. Ça fait du bien, on se sent moins seul face à ce flux constant, ces attentes d’immédiateté qu’on ne pourra jamais satisfaire. On se réaligne, on (re)découvre la vie en dehors de ce monde numérique et ça fait beaucoup de bien. Bref, merci merci Alexe !
Merci pour ce texte qui me permet d’affiner ma réflexion de quitter aussi les résaux